CONCLUSION : EHYEH ASHER EHYEH - LE SENS DE LA FACE CACHEE EN ALEPH
© Georges LAHY - VIRYA
La vie étant kabbalistiquement bien faite, je mis la main sur ce texte révélateur de VIRYA dans « Kabbale extatique et Tsérouf » (Ed. Georges LAHY), onze ans après avoir commencé la remontée vers Aleph à Pigalle-Montmartre, afin de conclure le puzzle en beauté (2004-2016).
EIEH ASHER EIEH
Lorsque Moïse demanda à Dieu : « S'ils me demandent quel est son Nom, que dire ? », Dieu répondit par une phrase étrange : « Ehyeh asher Ehyeh »(Exode 3, 14). La traduction n'est pas vraiment possible en français, cela pourrait être « Je suis ce que Je suis » ou encore « l'Etre qui est. » Ehyeh est une forme du verbe être, mais aussi un Tétragramme avec la lettre Hé répétée deux fois et à la même place dans le Tétragramme YHVH.
Par cette réponse, Dieu ne se nomme pas mais révèle ce qu'il est : une force universelle d'harmonie et d'unité. Dieu dévoile graduellement la déité de ses Sephiroth ; en demandant à la divinité de se nommer, Moïse cherche à connaître dans quel degré séphirotique il se situe. Le Nom Ehyeh est répété trois fois dans ce verset de l'Exode pour montrer les trois mondes supérieurs : Atsilouth, Beriah, Yetsirah, représentant les trois premières lettres du Tétragramme (YHV)H.
Ehyeh a une valeur numérique de 21 (1+5+10+5), la même que les trois lettres fondamentales du Tétragramme : YHV (10+5+6). La double représentation du Nom Ehyeh montre 21 face à 21, un ensemble de 42 en équilibre. Ceci est comparable aux deux plateaux d'une balance qui auraient un poids de 21 chacun, en équilibre sur un axe, « Asher ». Cet équilibre est le bonheur, dont le nom en hébreu est « osher », et qui s'écrit de la même manière que « asher », « qui. »
La Siphra diTséniouatah, un des traités du Zohar, commence ainsi :
Avant qu'il n'y ait eu Balance, la face n'était pas tournée vers la face. Les rois primitifs sont morts, faute de nourriture ; la terre a été dévastée jusqu'à ce que la Tête la plus désirable, de vêtements précieux l'ait ornée et fortifiée. Cette Balance a été suspendue en un lieu qui ne l'est pas. Furent pesés par elle ceux qui n'ont pas été retrouvés. La Balance est stabilisée sans son corps, n'adhérant à rien, invisible. Dans la Balance,on fit monter, et dans la Balance montent : ceux qui ne sont pas, ceux qui sont et ceux qui seront. »
Ehyeh asher Ehyeh est l'équilibre de la Balance, la Face qui regarde la Face, et l'existence de tous les êtres. Le mot « asher » peut se permuter en « rosh », la tête : la Face qui regarde la Face provoque bien un « tête à tête. »
Dieu n'a pas véritablement donné son nom, mais a plutôt enseigné une clé universelle d'évolution. « Ehyeh asher Ehyeh », doit se comprendre : « je suis face à l'autre qui est ; si je veux être, il faut que j'accepte que l'autre soit ; et si l'autre veut être, il faut qu'il accepte que je sois. » Quand on est trop rempli de soi-même, on écrase l'image de l'autre ; on cherche à retrouver en lui notre seule image, en occultant son existence réelle. Dans ce cas, la Face ne regarde plus la Face, l'équilibre est rompu, et il n'y a plus d'harmonie. L'autre, pour « être » doit faire de même, et les « rois primitifs » ne vivent plus en paix.
Ainsi, si l'on désire véritablement vivre selon l'image et la ressemblance de Dieu, il faut appliquer ce principe universel d'harmonie, qui est Dieu lui-même. Cet équilibre doit être réalisé face aux autres êtres humains, envers toutes les créatures, face à notre propre dualité intérieure, et surtout face à Dieu et sa Création (…)
« Cette clé d'harmonie donnée à Moïse n'a jamais été véritablement utilisée car c'est une clé de justice, de bien-être personnel et communautaire. Les trois Ehyeh répétés dans le verset de l'Exode décrivent la divinité, la créature et la communauté des créatures : tout doit s'équilibrer (…)
L'harmonie dans le monde doit commencer par la maîtrise de l'équilibre intérieur pour chaque individu : il faut apprendre à ne plus « vaciller », pour que les Faces regardent progressivement les Faces comme un maillage d'amour et d'unit, qui se développerait dans le monde entier (…)
La particularité de l'expression « Ehyeh asher Ehyeh » est que ces trois mots hébreux commencent tous par la lettre Aleph. Celle-ci est vue comme un principe d'unité et tout repose sur elle. (…) Les trois Aleph de « Ehyeh asher Ehyeh » scellent l'unité des mondes supérieurs et des forces de la Création. Aleph est la clé essentielle de l'existence et de son développement (…) »
© VIRYA
Bien entendu, dans la logique du PaRDèS, le Jardin de la Connaissance, tant un secret se dévoile, et tant il se refermera.
Ainsi, le mystère de Pigalle-Montmartre reste entier dans son passage de l'exil à la rédemption : tout un chacun retiendra la trace de son propre parcours au moment judicieux choisi par la destinée.
Que tourne le manège au bas de la Butte, aux quatre saisons, en souvenir de ses moulins…la vie continue.
© Eric LE NOUVEL
- Calligraphies © Frank LALOU.