LA VOIE TRIOMPHALE, AXE SACRE DU REVE MACONNIQUE
(Wikipédia)
La Voie Triomphale est le grand Axe sacré, parfaitement rectiligne, s'étendant d'Est en Ouest sur 9 km, d'abord du Louvre à l'Arc de Triomphe, puis parachevé par la Grande Arche de la Défense. Du soleil levant au soleil couchant, dans la perspective de la résurrection d'Osiris avec Isis.
« Cette oeuvre, au sommet de la Grande Arche, achève en le pérennisant le système symbolique autant qu'ésotérique mis en place, avec une extraordinaire persévérance depuis plus de deux siècles, par les architectes de la Révolution, de l'Empire, de la Restauration et de la République. »
Le précieux viatique en main, Le guide du Paris maçonnique de Raphaël AURILLAC (Dervy), nous pouvons décrypter sur place l'un des plus beaux visages semi-caché de la Capitale, son architecture sacrée.
« A l'orient et au Louvre, elle part exactement de la statue du Bernin qui représente Phoébus, le dieu soleil des Romains, pour constituer le point de départ de l'axe triomphal près de la pyramide et de la crypte de l'éternel Osiris.
Ainsi la Voie Triomphale ouvre-t-elle sa trajectoire sous un soleil levant, qui marque la naissance d'Osiris. Et c'est bien la vie de pharaon que semble nous conter cette perspective au long de son parcours : Osiris qui nait au Louvre, conquiert le monde sauvage à l'arc du Carrousel, où Cybèle le célèbre, et est assassiné au milieu du chemin, place de la Concorde, à droite de l'Obélisque où Horus, son fils posthume, vient à lui succéder.
Grâce à Isis, son corps démembré est reconstitué sur le chemin de l'éternité, aux champs Elysées où reposent les héros, avant de ressusciter dans le monde céleste lors du franchissement de l'Arc de l'Etoile, puis de la Grande Arche, gigantesque cube en forme de pierre taillée et polie, symbole de l'accomplissement d'une vie, ultime porte de l'occident vers le monde des morts. Nul autre monument ne pouvait mieux symboliser la résurrection d'Osiris (…) La Voie triomphale célèbre au delà du symbole, tout à la fois les existences successives de la divinité de la nation elle-même, du maçon ou mieux encore de l'homme. »
Puisque la perfection semble exister parfois sur terre, cet axe horizontal s'enrichit d'un autre en croisée verticale cette fois, l'Axe solsticial. Le point de jonction et d'équilibre est l'obélisque de Louqsor au centre de la place de la Concorde. Au sud du pont, le Palais Bourbon de l'Assemblée Nationale, temple de la raison, et marquant la force de jour de l'été. Au nord, après la rue Royale, l'église de la Madeleine, recouvrant l'inconscient, et rappellant la force de nuit de l'hiver.
Au commencement, en-tête, dans le principe se trouve le Grand Louvre, véritable temple maçonnique, découpé en filigrane en trois espaces :
- le profane : espace délimité entre les rue de Rivoli, quai du Louvre, place du Louvre, quai du Carrousel.
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- le sacré : Cour Napoléon,
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- et le secret : Cour Carrée, contenant trois cryptes dont celle d'Osiris.
La Pyramide de PEI est un chef-d'oeuvre d'architecture couronnant le rêve maçonnique moderne. Ses 793 triangles de verre deviennent 7 + 9 + 3 = 1 / 19, la renaissance de l'âme dans son unité - et non pas 666, le chiffre dit de la Bête, mais aussi 3 x 6 = 9 / 18, la conscience universelle.
Par contre, en sous-sol, « une place intérieure s'orne d'une cinquième pyramide de verre, renversée celle-là, la pointe vers le sol. Cette forme est l'expression symbolique du développement oral auquel l'être humain doit s'efforcer de tendre, de la domination de la matière par l'esprit. Elle une invitation à la connaissance de soi par le silence et la méditation. La pyramide inversée qui rencontre, tracée au sol, la ligne rouge du méridien de Paris, paraît être le point d'aboutissement du parcours initiatique dont parle la devise des anciens Rose-Croix :
V.I.T.R.I.O.L : Visita interiora terrae rectificando invenies occultim lapidem (Visite l'intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée).
Est-ce là l'explication du Soleil noir de la Mélancolie, chère à Gérard de Nerval, dans son clin d'oeil posthume au square de la Tour Saint-Jacques (1) ?
Néanmoins, tempérons la volonté d'idéal spirituel par la dialectique de l'initiation et la la contre-initiation, de la tendance cyclique à Dissoudre et reCoaguler.
Tsarfat, sacré Royaume, oui, mais dans la perlaboration constante des contraires.
(La prise de la Bastille - Jean-Pierre HOUËL / Wikipédia)
Après le Louvre, la rue de Rivoli nous mène à la place de la Bastille, et nous rappelle les prisonniers célèbres de l'ancienne forteresses, à Cagliostro et au divin Marquis de Sade. Puis la Révolution, avec tout ce qui s'ensuivit. Notre pays reste depuis coupé en deux, et à la recherche récurrente d'une Tête.
Paris génèrerait-elle le principe d'alchimie sans le déclarer ?
Je n'arrête pas de la dire : c'est cela la vraie Féerie à la française, l'essence codée des êtres et des choses. Les anglo-saxons le disent à leur manière dans le triomphe de leur imaginaire qui fait école. Mais la France profonde ne mange pas tout-à-fait de ce pain-là, même si les choses évoluent.
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Paris, notre Visage d'Eternité...
© Eric LE NOUVEL
(1) voir notre article précédent.
Avec tous nos remerciements à Raphaël AURILLAC pour son ouvrage de référence :
Re : "PARIS, CAPITALE MACONNIQUE"