PERE LACHAISE : PELERINAGE A LA TOMBE DU GRAND RABBIN DAVID SINTZHEIM
Premier Grand Rabbin de France (1745 - 1812),
Issu d'une vieille famille allemande ashkénaze, il vécut en Alsace.
Auteur du "Yad David "(La main de David).
Participa à l'Assemblée des Notables convoquée par Napoléon I° en 1806, et fut nommé par la suite Président du Grand-Sanhédrin.
(Wikipédia)
"Les âmes des Israélites sont reliées à 'Haya, la Force de Vie sainte." (Zohar)
On ne peut pas dire qu'il fait bon vivre au Père Lachaise, mais assurément il est agréable de se promener dans cette immense nécropole-monument de 70000 tombes, et riche espace vert d'un arbre pour 13 sépultures, permettant d'échapper brièvement à la pression des vivants et de la ville.
Et de méditer sur le passé, le présent et le futur. Avec en prime la paix et la beauté du lieu, ses véritables cadeaux face à l'absence.
J'ai une affection particulière pour la 7° Division, qui se trouve à une entrée plus confidentielle du Cimetière, au bout de la rue du Repos...
La première fois, cela s'est passé en 1999. Je venais d'arriver d'arriver dans le quartier du Père Lachaise, et la grande tempête eut lieu à la fin de cette année-là.
Je rentrais un matin par cette rue. Le paysage était saisissant. Quantité de caveaux avaient été secoué par la vigueur du vent. Une main puissante avait franchi la loi du temps et ouvert beaucoup d'espaces sacrés, déclarés inviolables dans la promesse de l'éternité.
Une écrasante question d'ordre métaphysique et existentielle planait à la surface des tombes parfois endommagées, voire fracassées. Rien de plus prenant que les portes scellées de caveaux anciens désormais grandes ouvertes. Sur la crainte, et laquelle ? Il n'y eu pas de réponse, sauf la perception de la fin d'un temps.
Je traversais l'ancien carré juif, fasciné par le panorama bizarre de l'art funéraire (pyramide maçonnique, sculptures), et l'énergie particulière des inscriptions hébraïques. Et je ne sais pourquoi, à un moment, je fis halte devant une tombe ouverte.
Et d'un seul coup en face, j'aperçus un arbre planté sur une autre tombe. Derrière, une construction originale en forme de triangle. Un nom : David SINTZHEIM, décédé à Kislev, le mois du Sagittaire. Un détail signifiant pour un natif comme moi de ce signe, et du même ascendant.Des cailloux posés pour se souvenir. La tombe d'un rabbin, et pas n'importe lequel ! Le premier Grand Rabbin de France ! Curieux.
J'embrassais l'arbre, et en levant les yeux, en m'attardant sur le feuillage, je remarquais trois merles qui bizarrement étaient posés chacun sur sa branche, de façon équidistante, traçant un triangle précis. Vu l'ambiance générale, je n'étais plus à cela près. Mais cela se grava en moi.
Le puzzle s'assemblait bibliquement comme au début de la Genèse : la Terre étant tohu et bohu, solitude et chaos, Dieu créa les éléments, et l'Arbre de la Connaissance. J'avais ici un rappel surprenant à l'ordre des choses.
Plus tard, je revins régulièrement, et je compris que c'était un lieu de pèlerinage. Les lettres de la tombe du Grand Rabbin furent redorées, et un oratoire installé à l'arrière, face au mur d'enceinte. Je peux vous assurer que cela vaut la peine d'y prier. L'ambiance y est particulière et inexplicable : les plans de l'âme juive ; Nefesch - Rouah - Nechama - Haya - Yehida.
J'y ai amené pas mal de monde ; pour plus d'un(e), leur vie changea après ce rite de passage.
Dans une logique qui souvent nous dépasse, une belle surprise n'est pas toujours seule. Quelques dizaines de mètres plus loin se trouve une petite chapelle gothique, enchâssant les gisants du couple illustre, Héloïse et Abélard. Rien que cela. L'amour mystique toujours !
Il faut parfois savoir se perdre pour mieux se retrouver. C'est vrai, même au Père Lachaise.
© Eric LE NOUVEL