AVANT-PROPOS : MONTMARTRE, LE LIEU DE TOUTES LES FACES
Monter à Montmartre est devenu autant une attraction internationale que franco-française, pour une minorité de gaulois décalés, ou avec la foultitude chrétienne à ses heures de rassemblement.
Au fait, que trouve-t-on à Montmartre encore aujourd’hui, à part le prestigieux passé artistique, culturel et humain ? Qui sont les artistes de la relève ? La place du Tertre pour mémoire ?
La civilisation Bo(urgeoise)-Bo(hême) progresse, la spéculation immobilière n’est pas nouvelle, et pourtant Montmartre résiste par son irrésistible joie de vivre. Le message montmartrois d'Amélie Poulain est resté caché sur le fond, même en passant au-dessus de la Colline, et devenant universel. C’est pourquoi nous avons entrepris de le restituer à tous.
Si 33 millions de spectateurs au monde ont vu l'inoubliable film de Jean-Pierre JEUNET, c'est bien pour en tirer un message initiatique (33 : le chiffre de la crucifixion de Jésus-Christ.)
Il reste quelques bons ouvrages sur Montmartre, mais très classiques, conformes à l'image dominante. Les regards sont fragmentaires : les peintres, Pigalle, le Sacré-Cœur, le Marché Saint-Pierre…mais où en est le fil conducteur pataphysique ? De quel Montmartre, de quelle culture parlons-nous ?
Notre enquête porte sur le Montmartre historique, le Territoire créé et administré par ses Abbesses pendant sept siècles (12°-18° s) : ce qui correspond aujourd’hui au 18° arrondissement, aux Batignolles (17°), et au nord du 9° (jusqu’à la rue de Maubeuge.) (*) Et parfois même la fin du 8° arrondissement.
Montmartre échappa même à la normalisation du Baron Haussmann, après avoir rasé le « maquis », mais dut s'incliner devant la Butte sacrée pour ne pas continuer l'avenue Junot, qui aurait massacré la place du Tertre. Montmartre, Commune libre et République depuis 1920, qu’on se le dise. Et toujours rebelle, de près ou de loin.
Pourquoi faut-il retourner aux sources ? Pour créer une rupture de l’Objet au Sujet - chère à Nicolas BERDIAEV, le grand mystique russe, nous y reviendrons. Et sortir de la statue de sel du passé, et des chromos, comprendre que l’âme de Montmartre est permanente, s’est enrichie, vit même très bien, mais que les cartes se redistribuent régulièrement.
Interrogeons le présent, son intelligentsia nouvelle, celle du réel.
La force de vie, créative, relationnelle, n’est-elle pas plus présente dans ces quartiers encore populaires, où l’on se côtoie, se mélange, dans l’échange ombres-lumières ?
Serpent énergétique, Ouroboros générationnel, en perpétuel mouvement comme nous le rappelle le manège pour enfants au bas du Sacré-Coeur, près du Funiculaire. Un code chasse l'autre, mais il reste l'essentiel. Pigalle-Montmartre : une énergie de Vie.
Pour parcourir ce jeu de l’oie, il nous a suffi de chercher, de croire, pour trouver son Code. Les mouettes aussi survolent Montmartre. Ce sera donc le parcours de la Mouette. Changerez-vous votre regard ?
Il ne sera désormais plus le même dans cette promenade à travers le Territoire de Montmartre, lieu universel de toutes les faces :
La face cachée, la face inversée, la face dévoilée, et le face à face des contraires.
Alleluiah !
© Eric LE NOUVEL
(*) Nous reprenons bien volontiers la délimitation géographique d’André ROUSSARD, historien, de prendre en compte « le Montmartre historique, le domaine de l’Abbaye royale des Dames Bénédictines, qui comprenait le 18° arrondissement, le 9° arrondissement dans sa partie Nord, ainsi qu’une frange du village des Batignolles, et cela durant presque sept siècles. » in son Dictionnaire des Lieux à Montmartre.
« Le Seigneur dit (à Moïse) :
Tu ne peux pas voir ma Face, car l’homme ne peut me voir et vivre. »
(Exode 33:20)
« Mon cœur m’a redit ta parole :
Cherchez ma Face !
C’est ta Face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta Face. »
(Ps. 26, 8-9)
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