LES JARDINS SEREINS DU CHATEAU DE VAUX-LE-VICOMTE
« Jamais Vaux ne sera plus beau qu’il ne le fut cette soirée-là du 17 Août 1661 quand le Roi eut la révélation d’une oeuvre d’art complète en toutes ses parties et ordonnée par un seul homme. » (1)
Le destin impitoyable de Nicolas FOUQUET (1615-1680) ne peut être compris, mis à part l’enjeu politique, qu’à hauteur de la dimension archétypale et monarchique de création attachée à son Château de Vaux-le-Vicomte (77950 MAINCY).
Tout « conspira » à la légende de ce Haut Lieu :
- de 1653 à 1656, le Château et les jardins furent réalisés par les artistes du Grand Siècle : l’architecte Louis LE VAU, le jardinier paysagiste André LE NÔTRE et le peintre décorateur Charles LE BRUN.
- 1661 : disgrâce de Nicolas FOUQUET, emprisonné à vie jusqu’en 1680.
La quintessence de ce chef-d’oeuvre ne pouvait échoir qu’à Louis XIV qui s’en servit comme modèle pour réaliser ensuite son Château de Versailles avec la même équipe gagnante.
Car les initiales de Vaux-le-Vicomte, V - L - V ne sont-elles pas aussi B - L - B, Beith - Lamed - Beith ב ל ב , soit de création en création, vers l’accomplissement du Grand Oeuvre ?
Le jardinier organise librement le jardin, mais il ne lui appartient pas. Cruelle réalité que l’histoire confirma : Dieu donne et reprend, car à ce niveau, seul compta en final l’intérêt du Royaume de France. Et une étape qualitative avait là été franchie.
De fait, dans une sublime synthèse, le cérémonial de la Cour, l’architecture et l’art du jardin ne font plus qu’un. L’unité des perspectives est réalisée dans les Nombres de la Sérénité. Le Château est comme un Vaisseau littéralement « suspendu » au-dessus des jardins qui offrent un parcours hors du commun.
Un double regard
Le Domaine de Vaux a une caractéristique unique que seule la promenade jusqu’à l’Hercule révèle (2).
Le jardin que l’on découvre sous nos yeux n’est plus tout-à-fait le même que celui que l’on découvrait depuis le perron : le château apparaît au sommet d’un piédestal composé par les terrasses successives et les emmanchements.
Communs et châteaux ne forment plus qu’un seul et même édifice, mêlant harmonieusement briques rouges et pierres blanches.
Les bassins sont des miroirs dans lesquels se reflètent le ciel et le château. Les fontaines et les jets font jaillir des feux d’artifice d’eau apportant fraîcheur, mouvement et musicalité.
Les bassins, à l’origine au nombre de 36, sont une vingtaine en activité. Il est prévu de reconstruire les manquants.
Ce point de vue témoigne une nouvelle fois de la collaboration étroite entre l’architecte Louis LE VAU et le jardinier André LE NÔTRE pour créer un ensemble aussi harmonieux.
Au premier coup d’oeil sur leur géométrie, les jardins sont naturellement séphirotiques, et il serait tentant de les décomposer en 10-11 parties, mais le résultat, artificiel, ne serait pas convaincant. Respectons la logique du Lieu (le Dieu-Roi), et comme l’indique le Parterre de la Couronne, Kéther n’est pas loin…
Laissons les pas et la vue nous faire découvrir un espace-temps structuré sous le règne de l’ordre et de la beauté.
Et régalez-vous de la conclusion apparente de la statue d’Hercule, point d’orgue convergeant plus que point d’arrêt de la promenade, vers son ineffable retour au Château par plans enchaînés. Alors, votre regard aura imperceptiblement changé.
L’exploit accompli
La statue d’Hercule était bien prévue à cet emplacement comme en témoignent les gravures du 17° siècle.
Celle-ci est une sculpture antique de la galerie Farnèse à Rome. Elle fut érigée en 1891 par Alfred Sommer, alors propriétaire de Vaux. Hercule y est représenté après son onzième travail, alors qu’il vient de voler les pommes d’or dans les jardins des Hespérides et de duper Atlas, le géant qui porte le monde.
Hercule symbolise la Force et la Vertu morale. La comparaison de Fouquet avec Hercule revient à Le Brun qui choisit ce demi-dieu pour célébrer la victoire politique de Fouquet durant la Fronde (1648 - 1653), lorsqu’il contribua à maîtriser le soulèvement civil contre le Roi. Cette référence se retrouve à plusieurs reprises dans les décors du château.
Rappelons à nos fidèles lecteurs que 11 est le nombre de la Force de Dieu et de la Révélation.
Si Hercule dupa Atlas, Nicolas FOUQUET ne put duper durablement ni le Roi ni le Royaume en devenir de leur apogée solaire. Hercule et ses 12 Travaux, sont aussi un autre avatar de l’équilibre atteint entre l’âme animale et l’âme spirituelle.
Sage épilogue de cette superbe leçon historique, esthétique et existentielle en ce Domaine, le véritable héros victorieux devenu Légende des Siècles.
TSARFAT - notre Sacré Royaume ! Merci d’exister, parole de Féeric.
© Eric LE NOUVEL
NB : les citations en italiques sont tirées des panneaux des jardins du Château de Vaux-le-Vicomte : www.vaux-le-vicomte.com -
(1
(1) (1) cf. Alain MEROT, Historien de l’art.
(2) - la distance est de 1,5 km du Château à la Statue,
- la superficie du Jardin à la française dessiné par André LE NÔTRE est de 33 Ha, chiffre symbolique de l’initiation s’il en est,
- et la surface totale du domaine clôturé est de 500 Ha.
(3) La numérologie de Vaux le Vicomte est 1 / 19, soit l’affirmation de soi par la renaissance, attestée par les différentes étapes de son évolution, après le triomphe, l’oubli et la dégradation.
VIDEOS
VAUX-LE-VICOMTE ARCHÉTYPE DU JARDIN À LA FRANÇAISE
VAUX-LE-VICOMTE JOURNÉE GRAND SIÈCLE 2016 - JEAN-PIERRE JAVAUX