LE CODE DU SHEM HA-MEFORASH - LES 72 ANGES
(LE NOM EXPLICITE)
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A. LE FONDEMENT EGYPTIEN
« Ramsès I° sépare les eaux…
Dans sa tombe, Ramsès I° sous l’aspect d’Atoum, brandit son bâton sur Apophis, le serpent aux douze anneaux, surgissant de l’océan primordial. Schéma traditionnel du combat nocturne entre Pharaon et les forces du mal. Plus loin, un décor insolite représente l’océan, le Noun, séparé en deux. Apophis est repoussé entre les eaux, et douze déesses figurent les heures de la nuit. Ces éléments sont à l’origine de la légende de l’expulsion nocturne des douze tribus d’Israël à travers la Mer Rouge, la mer des Roseaux. » (1)
Car Pharaon est le Lieu, le Réceptacle du Dieu Soleil, dans sa capacité (Yod- Yod) à séparer les Eaux d’en-haut des Eaux d’en-bas, afin de laisser passer la Lumière, et aussi de générer les inondations du Nil.
« Le mouvement du cosmos s’interprétait s’interprétait comme la manifestation effective de la puissance Dieu, projeté sur la puissance royale, Pharaon. Après soixante-dix jours d’attente du miracle de l’apparition de l’étoile Septa (Sirius / Sothis), considérée comme la révélation divine annuelle, le roi d’Egypte inaugurait l’inondation en frappant le Nil de son bâton sur lequel était gravé le nom sacré, quatre fois, aux quatre points cardinaux, proclamant dans un premier temps la venue des boues rouges du Nil, annonciatrices du miracle de l’inondation. » (2)
Rappelons le processus du Principe :
« Disparition de Septa = mort symbolique de la déesse Isis.
7 jours d’attente = rituel du deuil pharaonique
70 jours : voyage nocturne de Pharaon
dans le monde souterrain.
Réapparition de Septa =
Renaissance d’Isis,
la mère céleste
*
Vie.
Septa.
Lumière d’Horus
Bénédiction des dieux
Pharaon frappe le Fleuve
de son Serpent-bâton sacré.
Apparition des boues rouges.
Inondation, abondance, fécondité.
9 dieux de l’Ennéade d’Héliopolis.
10 = Renaissance d’Horus et de Pharaon.
Réjouissance de retour à la vie des Egyptiens.
Stabilité du trône, organisation sociale hiérarchique. "
(2)
« La Kabbale donne l’explication du serpent solaire, qui sépare les eaux du cosmos. Elle affirme que le soleil sépare les eaux de la Géhenne, le monde d’en-bas. Le jour, le soleil établit une première séparation entre les eaux d’en-haut (le cosmos de l’Antiquité est l’océan primordial) et les eaux terrestres. Puis le soleil poursuit sa descente et, au début de la nuit, il établit une séparation au milieu des eaux pour empêcher le canal des eaux jaillissant de la Géhenne de nuire aux hommes. » (2)
Rappelons ensuite qu’au 5° jour de la Genèse, les cieux se rassemblent pour laisser apparaître la terre, le lieu (MaQoM) : Ha-Shamayim El Maqom Ehad.
Sommes-nous là encore au point nodal du Shem Ha-Meforash, le Nom divin aussi invoqué par Moïse pour ouvrir la mer des Joncs et faire échapper son peuple à l’armée de Pharaon ? Justement, parlons-en :
Ainsi, Moses en hiéroglyphes signifie « Dieu l’a enfanté ; » nullement en version hébraïque.
« Moïse est Yahoud de naissance, fils d’Elohim, appartenant à la noblesse égyptienne, probablement le fils de l’une des filles de Pharaon.
(…)
Moïse caché dans un berceau pendant trois mois rappelle le service du temple égyptien où les prêtres cachaient Amon (= le Dieu caché) dans le Naos pour le faire renaître à la lumière, tous les trois mois, en grande procession sur l’Arche sainte. Berceau et Arche se disent Teva dans la Bible (Arche de Noé)
Moïse sauvé des eaux renvoie à la légende de l’enfant divin porté par le Nil. Cette tradition faisait partie intégrante de la religion égyptienne. Chaque année, au jour de l’an, l’inondation ramène l’enfant divin, l’enfant solaire qui est confondu avec le jeune roi qui, parait-il, se renouvelle chaque année… » (1)
« Rachi rapporte que Moïse tua l’Egyptien en prononçant le Nom Sacré, le Shem Ha-Meforash. Or un tel nom ne pouvait être que le nom du dieu de l’Egypte. En effet, la Kabbale affirme que ce nom était gravé sur la lance de l’Egyptien, que cette lance symbolisait le serpent primordial (le symbole même du père) (2).
Il est réputé que Seth, frère d'Osiris avait 72 compagnons et complices du meurtre rituel et du dépeçage de ce dernier, et serait à l’origine de cette abstraction.
En quoi ce mystérieux Shem Ha-Meforash finirait par nous concerner un jour ? Nous sommes pourtant loin du Pouvoir d’Egypte. Les 36 Justes qui soutiennent l’univers de génération en génération continuent-ils à l’invoquer, comme le Grand Prêtre du Temple de Jérusalem à son époque ?
« Historiquement, le Nom de Dieu ou Shem Ha-Mephorash (Yod Hé Vav Hé – יהוה) n’était prononcé que dans le Temple de Jérusalem, uniquement par les prêtres et en deux occasions : Par le Grand Prêtre (Cohen Ha-Gadol) lorsqu’il se rendait dans le Saint des Saints afin de répandre du sang sur le Trône de miséricorde au jour de l’Expiation, et par les prêtres (Cohanim) lors de leurs bénédictions au peuple qui avaient lieu tous les matins, mais uniquement dans l’enceinte du Temple. » (3)
Pourtant, il y a bien en final un lien pour notre compréhension et notre guidance.
B. LES MYSTERES DU NOM EXPLICITE
Certains de ses mystères sont contenus dans Les 72 Puissances de la Kabbale, livre de Georges LAHY (Virya).
« Les 72 Noms, constituant le Shem Ha-Meforash, sont issus de trois versets particulièrement intéressants du Livre de l’Exode au chapitre XIV, versets 19, 20 et 21 :
19 - L’Ange d’Elohim partit de devant le camp d’Israël et se déplaça derrière eux, et la colonne de nuée vint devant eux, puis se tint derrière eux.
20 - Elle vint entre le camp de Mitsraïm et le camp d’Israël. Il y eut la nuée et la ténèbres, la nuit s’écoula sans que l’on put s’approcher de l’autre de toute la nuit.
21 - Moïse étendit la main sur la mer, et YHVH refoula la mer par un souffle d’Est, fort toute la nuit; il mit la mer à sec et les eaux se fendirent.
Chacun de ces trois versets contient soixante-douze lettres, leurs combinaisons contiennent le secret de la puissance par laquelle Moïse put ouvrir la mer et vaincre Mitsraïm, en révélant le point d’équilibre entre toutes les oppositions. Pour obtenir les 72 NOMS, il faut observer le mouvement décrit par le premier verset, qui parle de l’Ange d’Elohim qui va de l’avant vers l’arrière, puis de la nuée qui vient devant et par derrière.
Ainsi pour obtenir les 72 NOMS, il suffit d’écrire le premier verset (19), en hébreu sur une ligne, normalement de droite à gauche. Le second verset (20) doit être écrit à l’envers, de gauche à droite, sur une ligne en dessous, et le troisième (21), tel qu’il doit l’être, sur une troisième ligne, de droite à gauche. Cette manière d’écrire s’appelle en français un boustrophédon. Il suffit alors de lire verticalement de droite à gauche pour voir apparaître les 72 NOMS. »
Les 72 Noms ou 72 Souffles « permettent l’ouverture des cieux par le discernement entre le sacré et le profane et libèrent la puissance du point d’équilibre entre les oppositions, afin d’accéder aux degrés supérieurs de Briah (Emanation) et d’Atsilout (Création). » Ceci est décrit dans les trois versets (1, 4 et 26) du Livre du Prophète Ezéchiel, entre Hachmal et Merkabah, permettant le rayonnement de la Shekhinah (Présence).
On les retrouve aussi dans :
- le divin Tétragramme YHVH, Nom glorieux, redoutable et explicite (Meforash),
- le Pectoral du Cohen Gadol (Ourim et Toumim),
- le Sepher Raziel (Amsterdam 1701) - le livre des 72 Anges,
- le Talmud,
- le Sepher Ha-Bahir,
- le Sepher Ha-Zohar.
« Les 72 Noms de 3 Lettres constituent un ensemble de 216 lettres. » 72 correspond à la Séphira Hesed, et 216 à la Séphira Guevourah. Dans l’Arbre des Séphiroth, l’équilibre est recherché entre des deux dans la colonne du milieu, entre celle de droite (Miséricorde) et celle de gauche (Rigueur).
Entre l’ouverture des Eaux d’en-haut et celles d’en-bas par Pharaon pour laisser passer la lumière du soleil, l’ouverture de la mer Rouge par Pharaon et par Moïse, l’apparition du MaQoM dans la Genèse, nous ne parlons que de la même chose sur un plan humain, l’équilibre des contraires, entre l’inconscient et le conscient.
Tout ceci est complexe et ne peut se comprendre que par l’étude, la médiumnité, la pratique spirituelle à partir de votre degré d’âme, et des bases appropriées.
C. VOTRE CHEMIN DE VIE
Maintenant, il vous faudrait connaître la partie qui vous concerne vraiment, l’interprétation de votre chemin de vie, « car il est dit que par le nom de la sefirah chaque homme comprendra son nom, sa puissance et son ange. »
Ici, l’abstrait rejoint le concret dans l’incarnation de tout un chacun. Une partie de la kabbale est éxotérique et concerne le plus grand nombre, n’en déplaise à certains élites de la question. C’est bien sa finalité annoncée aux temps messianiques.
Mais n’attendez pas le retour du Messie pour savoir quel est le programme fixé dans votre date de naissance, loin de tous fatras angélologique.
Nous vous recommandons le lire les ouvrages suivants à ce sujet à partir du Sepher RAZIEL (voir supra). Pourquoi cette apparition si tardive au 17° siècle ? Il serait l'oeuvre de compilation de textes anciens par ELEAZAR de Worms aux 12°-13° siècles. Mais nous ignorons le lien avéré par la suite avec la Kabbale de Gérone.
- Les Anges de KABALEB - Ed. Bussière,
- Le grand livre des Invocations et des exhortations- HAZIEL - Ed. Bussière,
- Les 72 puissances de la Kabbale de Georges LAHY (Virya),
- Les 72 Anges de la Kabbale par la Numérologie par Chantal EMERY (Ed. Trajectoire). Une approche psychologique complémentaire et indispensable.
Un ange est un programme sur 5 jours, chacun propre à la lettre hébraïque de son nom. Vous comprendrez alors votre sentier séphirotique, et tout ce qui s’y rattache. Ceci pourra aussi se valider par la numérologie, en partie l’astrologie, tout en croisant avec la Torah, dans les textes qui vous concernent. Ainsi, vous pourrez obtenir un thème souvent précis, digne de vous et de vos attentes.
Le but de l’existence est ni la religion, sauf dans sa dimension psychologique, émotionnelle, intellectuelle et communautaire, ni la mystique pure. Mais bien de s’accomplir dans l’écheveau de nos fils contradictoires, en trouvant son équilibre à travers les quatre cycles de (trans)formation : réalisation, obligation, fondement et rétrospection. La Malkhouth (Royaume, le Monde), sinon rien.
Cela passe par la compréhension de votre destin, ou votre propre dénomination, inscrit dans vos profondeurs, à dévoiler, organiser, et raffiner progressivement. Tel est l’un des buts de la connaissance traversant le temps au-dessus du savoir. Elle nous permet de rester humble, d’accepter le monde tel qu’il est, de percevoir l’unité dans la diversité, de mieux considérer notre semblable en considérant sa complexité, de relativiser, etc.
Tout est une question de niveau. Votre travail vous donnera le retour sur l’investissement de l’étude et de la transformation. Et les choses viennent en leur temps.
Les Séphiroth sont des principes, mais le jeu de la vie est énergétique, nous faisant dépasser un moment les clivages, pour mieux ensuite nous réunifier.
La nécessité et le hasard, tout se complète. Au point zéro.
Eric LE NOUVEL
(1) © Les Secrets de l’Exode - Messod et Roger SABBAH - Poche (dont les 2 illustrations au noir du début)
(2) © Le Pharaon Juif du même auteur - JC Lattès
(3) © KEL - Spartacus FREEMAN
(Images : Wikipédia)