INTRODUCTION : LA TRACE DE MITSRAÏM
Les archéologues peinent toujours à trouver les traces historiques de la saga biblique des Hébreux en Egypte et en Canaan.
Pourtant, depuis longtemps, une traçabilité de plus en plus cohérente sur l’origine égyptienne des Hébreux se révèle. En témoignent :
1-
- Les intuitions de Jean-François CHAMPOLLION (1790-1832), amenant le début de la critique sacrée de la Bible.
2-
Edouard SCHURE, Les Grands Initiés, 1920 - Perrin :
Hosarsiph (Moïse) était le neveu de Méneptah, fils de la princesse-soeur de Ramsès II. Et Prêtre d’Osiris.
3-
Sigmund FREUD, Moïse et le monothéisme, Payot - 1939 (l’année de sa mort).
Ouvrage remarquable posant des questions fondamentales sur l’origine de cette religion et sur ses mécanismes inconscients. Sans oublier en filigrane sa propre histoire, son enfance studieuse avec la Bible de Philippson, riche d’illustrations égyptiennes antiques.
Et la relation difficile avec son père Jakob, féru de culture biblique, et même codée via cette même Bible de Philippson modifiée en cadeau d’anniversaire pour ses 35 ans.
Car n’est-il pas dit que Die Freude est la joie, comme Simhat Torah, celle de la Torah ?
Sous Aménophis III l’adoration du dieu solaire prit un nouvel essor. Grâce aux précédentes conquêtes de Touthmosis III englobant la Nubie, la Palestine, la Syrie et une partie de la Mésopotamie, l’Egypte était devenue une puissance mondiale.
Cet impérialisme se manifestait alors dans la religion sous les formes d’universalisme et de monothéisme au niveau des élites.
Aton (Atoum) cristallise le culte du Dieu unique tout-puissant face à la pensée magique polythéiste. Car Akhénaton (Aménophis IV) proclame que l’énergie solaire constitue la source de toute vie sur terre, et doit être adorée en tant que symbole du pouvoir divin. Il est fier de jouir de la création et de sa propre vie dans Maât (vérité et justice), fille de Rê.
C’est le premier et le plus pur cas de religion monothéiste dans l’histoire de l’humanité, en 17 ans de règne.
Moïse, personnage central, est un égyptien de haut rang, comme sa religion, notamment dans la coutume de la circoncision, et fidèle à Aton, qu’il transmet à sa génération, dont sa tribu, les Lévites, gardent cet héritage.
Théorie de l’assassinat de Moïse comme d’Akhénaton (cf. épisode du meurtre de l’égyptien par Moïse). Exode vers 1350 / 1215 av JC, en vagues successives.
Un « 2° Moïse midianite » arrive, avec une nouvelle génération plus cananéenne, incorporant Jéhovah. (Lui aussi assassiné ?) En final, ces deux Moïse fusionnent dans celui de la Bible pour réécrire l’histoire, et gérer sa dualité.
Le Dieu d’Israël, ADONAÏ-YHVH en devenir, sera décanté après l’exil de Babylone (500 av JC) à la rédaction de la Torah hébraïque. En 800 ans la religion de Jahvé a subi une évolution rétrograde qui a abouti à une concordance, peut-être même à une identité, avec la religion primitive du (premier) Moïse.
« Moïse » a créé les Juifs en les déclarant peuple élu. Ce monothéisme en devenir sera le germe de la pensée philosophique grecque.
Le christianisme est une forme de monothéisme édulcoré par un contenu polythéiste en réaction contre le judaïsme. Moïse est le 1° Messie, et Jésus-Christ, son successeur = re-victoire d’Amon contre Aton !
Le refoulement juif du meurtre symbolique du père, caché dans les épisodes des 2 Moïse, pèsera dans l’histoire de l’antisémitisme. « Ils ont tué Dieu ! »
Contrairement aux chrétiens avec leur Messie crucifié / ressuscité. « Ils ne l’avouent pas contrairement à nous ! »
La religion du Père amènera celle du Fils, mais qui cherchera à l’éliminer par la suite…
En toile de fond, la question du meurtre fondamental du père primitif, de la circoncision comme castration, etc. alimentant le refoulement, le péché originel.
Etc, etc.
« Mais comment le peuple juif a-t-il réussi à maintenir jusqu’à nos jours son individualité ? C’est là une question qui n’est pas encore élucidée. » (Conclusion de son livre). Sacré Freud ! On comprend que cette thèse dérangea la tradition religieusement correcte affirmant que Freud avait des problèmes d’identité juive…Pas si simple.
Tobie NATHAN (*) pense qu’il a rédigé là son propre midrash sur la question : je suis né juif, et je le suis resté, mais sans la religion. Comment ? Par une connaissance intime biologique qui n’est pas celle de l’inconscient.
En quoi cette histoire le touchait tant en profondeur ? Sans oublier de régler ses comptes avec son père Jakob, dont les lourds secrets de famille cachés donnent un éclairage cru à ses concepts de Totem et Tabou, de meurtre fondamental du père, de refoulement, de complexe d’Oedipe…On peut être un génie, mais on n’en est pas moins humain, et fils.
La religion est l’effet ou la cause de la névrose obsessionnelle ? Un débat vieux comme l’humanité…
Voir Quand l’homme Freud nous parle de Moïse par Laurie SIBONY-TUA.
4-
- Ed METZLER, Discovering the Israelite identity of the Pyramid Builders » (Vol 1, n°5)
(Baalschem Press Herborn, 1989), présentant l'hypothèse suivante sur le Roi Salomon et la Reine de Saba. Dans la lignée de son étude :
Le Joseph de la Bible, fils de Jacob, marié à Aseneth, fille du Grand Prêtre d'Héliopolis, serait identifié à IMHOTEP, conseiller du Pharaon DJOSER créateur de la Pyramide de Saqqarah.(p.6)
Un décalage de -500 ans dans l'histoire égyptienne cache certaines vérités, selon les travaux d'Emmanuel VELIKOVSKY,(p.5):
« Les pyramides furent construites par le peuple d'Israël,(...) et après leur Exode à la fin de la 12° dynastie - soit 1441 avant JC - plus aucune pyramide ne fut construite en Egypte.Ce qui est confirmé par Flavius Joseph... » (p.14)
« L'Exode des esclaves hébreux fut favorisé par l'activité géosismique issue à la fois de l'explosion du volcan de Santorin en -1441 av JC, et du tremblement de terre qui éleva le niveau du Nil à Semna pendant le règne du Pharaon AMENEMHET III, et rendit la traversée de la Mer Rouge possible par le peuple d'Israël. » (p.16)
« La reine égyptienne HATCHEPSOUT est identifiée à la soi-disante Reine de Saba (son propre nom, et non pas d'origine géographique) qui rendit visite au roi Salomon d'Israël..., peut-être en tant que soeur de l'épouse royale égyptienne.» (pp.18-19)
Selon Flavius Joseph, la Reine de Saba dirigeait l'Egypte et l'Ethiopie.
Le Roi Salomon fit construire le premier Temple de Jérusalem dans la 4° année de son règne (961 av JC, soit 480 ans après l'Exode (-1441 av JC).
« ...en pré-datant le règne de la Reine HATCHEPSOUT d'environ 500 ans, en même temps que le début et la fin de la période des pyramides avant elle, est une tricherie antisémite qui fausse Israël de son histoire, discréditant l'historicité de la Bible hébraïque, et en la transformant en un livre de contes de fées religieux, exploité par une théologie visant à favoriser le préjudice antijuif et la superstition. » (p.20)
« Le Roi Salomon est identifié au Pharaon TOUTMOSIS II, le mari de la Reine HATCHEPSOUT, et père de leur fille unique NOFRU-RE, et de son demi-frère, le Pharaon TOUTMOSIS III, avec qui elle devait se marier. » (p.26)
« Ce qui est décrit et dépeint comme Pount ou Phénicie sur les Temples d'HATCHEPSOUT et de TOUTMOSIS III représente la culture israélite pendant son âge d'or, selon la vision des contemporains du Roi Salomon. » (p.27)
5-
Pr Joseph DAVIDOVITS : La Bible avait raison, T. 1 et 2, JC Godefroy - 2005.
« Dans La Bible avait raison 1, l'archéologie révèle l'existence des Hébreux en Egypte, le professeur Davidovits établit que le Patriarche Joseph, le "premier Hébreu", n'était autre qu'Aménophis, Fils de Hapou, le plus éminent scribe et savant de l'Egypte, grand chancelier du pharaon Amenhotep III. Et ce grâce à la redécouverte d'une fresque, vieille de plus de 3300 ans, qui constitue le plus ancien texte copié mot pour mot dans la Bible.
Joseph Davidovits, suivant son fil d'Ariane, nous conduit maintenant sur les traces de Moïse : un Moïse assez peu conforme à sa mythologie puisque grand intendant d'un ordre religieux, celui du Temple funéraire d'Aménophis, Fils de Hapou, le Patriarche Joseph précisément. Le lecteur découvrira que Moïse vécut sous les Ramsès de la XXe dynastie (1150 av. J.-C.), et rencontra bien les Hébreux, des artisans égyptiens, et non des bergers étrangers esclaves comme on le croyait et dont on ne trouvait pas de trace. Sur fonds de complots, de changements de régimes politiques, de grèves et de persécutions, celle de la confrérie de l'Ordre d'Aménophis, Fils de Hapou, et celle des artisans hebrers de la Nécropole thébaine.
On verra comment et pourquoi eut lieu l'Exode, au début de la XXIe dynastie, vers 1080-1060 av. J.-C., soit 200 ans après Ramsès II. Cette nouvelle datation correspond aux données archéologiques et aux vestiges retrouvés en Egypte, en Israël et en Palestine. Les textes égyptiens qui relatent ces événements importants de l'histoire de l'Egypte existent. La Bible avait raison ! »
Du même auteur et éditeur, De cette fresque naquit la Bible, 2009.
6 -
Roger et Messod SABBAH, Les Secrets de l’Exode, Poche - 2000.
Roger SABBAH, Le Pharaon juif, JC Lattès - 2008.
7-
Les secrets révélés de la Bible, film de Gary GLASMAN (2008), diffusé par ARTE.
Une pièce supplémentaire ajoutée au puzzle en posant quelques questions fondamentales :
« La Bible est-elle la légitimation d’un peuple illégitime ? »
Vers 1200 av JC, l’Egypte entre en phase de déclin, et de décomposition / recomposition.
La société civile cananéenne s’effondre. Lesdits Israélites sont des esclaves cananéens et non pas étrangers. Ces rebelles déclenchant une révolution sociale dans les collines.
On se crée une identité à partir de l’autre, et dans le temps.
Le monothéisme total du Dieu universel triomphe après la destruction du I° Temple, le retour d'exil à Babylone vers 500 av JC. Voir la suite avec Esdras et les Esséniens, etc…
NB : Commentaire : La Téchouvah dans ses applications multiples, effacer pour tout recommencer, le principe de création dans le principe, sont les moteurs constants de la croyance et de l’identité juive.
8- Roger SABBAH a tendance à sortir régulièrement une révélation encore plus sensationnelle que la précédente de son chapeau littéraire. Il persévère, et Indiana JONES et consorts n’ont qu’à bien se tenir. Où s’arrêtera donc sa fracassante Route du Code ?
(à suivre)
Eric LE NOUVEL
(*) cf. France Culture, Les chemins de la philosophie, avec Adèle Van REETH le 29/9/2016.
(Photos : Wikipédia)