LA PIERRE DU GRAAL SUR L’EGLISE DE SAINT-LOUP-DE-NAUD
« A quelques kilomètres de Provins, l’église templière de Saint-Loup-de-Naud semble garder l’entrée des terres du Graal comme l’indique le livre de pierre de son tympan extérieur.
Le nom même du village, dont la partie droite a pour nom « vallée du dragon », est une clé. Naud dérive du celte Naudus ou Nodo. Cette appellation ancienne, Naudus, Nodon, est l’un des noms de Nuada, le roi de Thuata de Danaan que mentionnent les sagas celte-nordiques. Ce fut le premier roi du Graal, porteur de la pierre sacrée. Les sirènes et les sphinx de Saint-Loup sont l’expression de la sensibilité médiévale, l’une des merveilles de l’Occident.
La seule église d’Europe sur laquelle on trouve la représentation ancienne du Graal, sa forme templière, telle qu’elle est révélée dans le Parsifal du chevalier-poète Wolfram Von Eschenbach, au XII° siècle : la pierre tombée du ciel.
Véritable signature templière, sur le portail de l’église se trouve la tour d’angle indiquant que l’église, fortifiée, appartenait à un Ordre militaire. Les autres motifs du grand portail constituent l’enseignement hermétique du Temple. Sculptée sur le linteau, la Vierge apparait, porteuse d’une couronne. Elle n’est entourée que de huit apôtres, choisis pour manifester le nombre sacré du Temple, qu’on rencontre gravé dans les souterrains de Provins sous forme d’étoile à 8 branches.
L’image du Graal est au centre du chapiteau. Il s’agit d’une pierre tombant du ciel, reçue par Saint-Loup célébrant la Messe. Dans le Parsifal d’Eschenbach cette pierre est gardée, précisément, par les Templiers.
Un peu en retrait de Saint-Loup recevant la pierre tout en tenant une hostie dans sa main droite au-dessus d’un calice, un personnage se protège le visage de ses mains et détourne la tête, comme ébloui par la peur de la pierre, ce qui en souligne la majesté et la splendeur. Le visiteur est en présence d’une illustration de la Pierre miraculeuse dont parlent les légendes templières. »
(in Dictionnaire Templier de Jean-Paul BOURRE - Ed. Dervy)
D’abord, une église merveilleuse, l’un des plus beaux édifices romans d’Ile-de-France, surplombant le village poétique de Saint-Loup-de-Naud (77650) au coeur d’un pays pittoresque et templier, à 9 kms de Provins.
L’étymologie celte de Naud renvoie à un « lieu rempli de sources. » La rivière Voulzie y coule, notamment sous le pont du Dragon, et son rû du même nom, auquel un habitant, sculpteur bien intentionné, rend hommage comme épi de faîtage de son toit.
Le mystère est d’emblée accepté au vu de tous, d’autant plus que la numérologie de Saint-Loup-de-Naud est 5 / 23, soit l’énergie des contraires. Nous y reviendrons.
La « Fontaine au Saint » du coin, dite miraculeuse, était ornée d’un retable de pierre sculpté du 14° siècle, désormais mis à l’abri dans l’église.
Ce village présente la structure classique médiévale regroupant les maisons et fermes, la tour / donjon, et le Prieuré - construit sur un culte romain dédié à Diane la chasseresse, et disparu dans un incendie au 16° siècle.
Saint-Loup, lui (573 - 623), fut Archevêque de Sens. Sa vie, parsemée de miracles, est rapportée dans La Légende Dorée.
L’église qui nous préoccupe par son message, date du 11°-12° siècles. Les fresques d’origine ont disparu et ont été remplacées par de simples reproductions.
Le tympan du Portail est divisé en deux parties :
- - en-haut, le Christ en gloire avec les symboles des Quatre Evangélistes, etc.
-
- en-bas, vus de face :
- à gauche, les trois statues de Saint-Pierre, Salomon et Isaïe, représentant l’Eglise hébraïque,
- - au centre, Saint Loup bénissant (voir La Main de Dieu - infra) sous un Chapiteau représentant son Eucharistie avec la Coupe accueillant la Pierre du Graal,
- - à droite, les trois statues de Saint Paul, de la Reine de Saba et de Jérémie, représentant l’Eglise Universelle.
LES DEUX EGLISES
L’Ancien et le Nouveau Testaments sont imbriqués comme souvent dans l’ensemble du tympan.
Pour interpréter correctement cette verticalité, il faut une lecture horizontale des « deux églises » mentionnées du plan inférieur, à laquelle nous invite les trois niveaux de fermoirs du portail en bois.
A savoir, de bas en haut :
- - Isaïe et Jérémie = plan de la Prophétie,
-
- Salomon et la Reine de Saba = plan de la Royauté - curieusement, la ferrure du milieu nous rappelle à propos le Sceau de Charlemagne :
(Wikipédia)
-
- Saint Pierre et Saint Paul = plan de la Sainteté.
La tradition judéo-chrétienne nous en dit encore plus, car au 12° siècle, la connaissance sacerdotale était grande.
Référons-nous aux chapitres 2, 10 - 14 du Livre de la Genèse qui font état du Jardin d’Eden et de ses quatre Fleuves, le Pîshon, le Guîhon, le Hideqel (le Tigre) et le Pherat (l’Euphrate).
Dans Alliance de Feu I (Albin Michel), Annick de SOUZENELLE nous en donne sa lecture chrétienne :
(Wikipédia)
« Le fleuve Pîshon prend source dans l’Incréé et contient les quatre principes qui pénètrent le créé
(in versets 11-12),
(…)
Le Guîhon est cette partie du Jardin où se rencontrent YHVH et l’Adversaire (in verset 13),
Le Hideqel devient principe d’un feu, (in verset 14)
(Wikipédia)
Prêtres, rois et prophètes sont les trois grandes castes traditionnelles. Si le prophétisme est donné par les eaux du Hideqel et la royauté par celle du Guîhon, ne peut-on penser que le sacerdoce relève du noyau même du Verbe de Dieu, dans le Pîshon ?
(…)
Toute la Tradition voit en MelkiTsédek le Messie, Verbe de Dieu, Grand Prêtre par excellence, de qui relève tout sacerdoce.
« Tu es prêtre à jamais selon l’ordre de MelkiTsédek » (Ps.110)
NB : Nous avons ici trouvé un sens à nos 2 x 3 statues, mais il reste la centrale, celle de Saint Loup avec son chapiteau…Mais continuons d’abord.
Si le Pîshon est source de la prêtrise, de la royauté et du prophétisme, mais s’il distribue la grâce de la prêtrise, le Guîhon, celle de la royauté, et le Hideqel celle du prophétisme, à quelle dimension correspond le quatrième principe de ce fleuve UN ?
(Wikipédia)
Le Fleuve Pherat, celui qui fleurit et qui donne des fruits.
(…)
Lorsque l’Homme laisse oeuvrer en lui la grâce divine, de poussière de plomb qu’il est il devient or.
Du Pherat il remonte le fleuve de vie des énergies divines et parvient au Pîshon.
(Calligraphie Frank LALOU)
Le passage du Pherat au Hideqel est la première mutation, celle qui fait de lui un Adam.
Dans le Pîshon il devient son Nom YHVH et en fait éclater la Gloire !
NB : Nous y sommes…
Face à l’église, à gauche, se trouve l’entrée d’une propriété privée, au n°26, une sorte de presbytère avec jardin. On l’appelle aussi le Château (il faut toujours qu’il y en ait un), ayant accueilli François MITTERAND à son époque.
- 26 = ADONAÏ, Dieu d’Israël, la Loi du Père…!
SAINT LOUP ET LA PIERRE DU GRAAL
« La porte de Saint-Loup est divisée en deux parties égales par une colonne en forme de statue, représentant Saint Loup, archevêque de Sens, qui vivait au septième siècle, et qu’il ne faut pas confondre avec l’évêque de Troyes du même nom.
Il porte le costume épiscopal, tient dans la main une crosse et a les pieds posés sur des oiseaux à queue de serpent, c’est-à-dire sur des démons. Le chapiteau qui surmonte la tête du bienheureux, placé, comme le personnage principal, au point le plus apparent, représente une scène de sa vie. Saint Loup suivi d’un clerc portant un livre, prie, les mains jointes devant un autel ; au milieu de l’autel est un calice au-dessus duquel se tient un petit corps arrondi. Deux autres personnages, l’un à genoux, l’autre debout, en costume de clerc, remplissent le reste du chapiteau.
Cette scène serait fort difficile à expliquer, si l’on ne lisait dans la vie de Saint Loup :
Quodam igitur die dominico, dum in Bardone praedio Eucharistiae sacraret mysterium (Lupus), coram sacerdotali vel levitico choro, gemma de coelo in calicem descendit a Domino inter manus pontificis, commixtionem corporis et sanguinis Domini celebrantis ; quae scilicet gemma radio fulgentissimo pulcherrima (…)
À un certain jour du Seigneur, consacré au mystère de l'Eucharistie, quand, dans le domaine Bardone, Saint Loup, en présence des prêtres, les Lévites et le chœur, un joyau du ciel du Seigneur est descendu dans une Coupe entre les mains du grand-prêtre, grâce au mélange du corps et du sang du Christ par le célébrant ; à savoir le rayon brillant de la très belle pierre (…)
cf. Félix BOURQUELOT, Notice historique et archéologique sur le Prieuré de Saint-Loup-de-Naud - Bibl. Ecole des Chartes, 1841.
Mais vous l’avez remarqué, il n’est pas fait nommément mention du Saint Graal, pourtant nous y sommes bien.
(WIKIPEDIA)
« Pour Wolfram von Eschenbach, comme il le présente dans son Parzival, le Graal est une pierre dont le nom ne se traduit pas : « Lapsit Exillis ». Certains auteurs ont voulu le traduire par « Lapis Exilis » ou « Lapis Ex Coelis » : émeraude tombée, selon la légende, du front de Lucifer, et qui, creusée en vase, recueillit le sang du Christ s'écoulant des cinq plaies.
Et ce n’est pas tout…
LA MAIN DE DIEU
« Au sommet du portail de l’église Saint-Loup-de-Naud, apparaît une main doigts tendus, bénissant, inscrite dans un cercle marqué de la croix pattée évoquant le sceau du Prêtre Jean. Celai-ci gouvernait, disait-on, les terres du Graal, le monde souterrain, l’Agharta ou la terre de Sagesse.
C’était le sceau du Prêtre Jean : une main de Dieu, entourée par un cercle d’étoiles (a). L’ultime signature des Templiers, gardiens du Graal, à l’entrée de la cité templière de Provins.
Le chevalier Wolfram Von Eschenbach affirmait que les Templiers étaient les gardiens du Graal et disait tenir son récit d’un certain Guyot de Provins. Il expliquait aussi que c’est Parsifal qui ramena le Graal dans le Royaume du Prêtre Jean. »
(in Dictionnaire Templier de Jean-Paul BOURRE - Ed. Dervy)
NB : (a) Nous pensons qu’il s’agit là du cercle tracé derrière la tête de Saint Loup bénissant.
Comme nous l’avions évoqué dans Ave Maria - AVM, le Code de l’Ave Maria, l’héritage ésotérique templier fut éradiqué par le Roi Philippe LE BEL, et survécut dans les bibliothèques en Espagne et au Portugal. Il est cependant dommage que cet oubli ne fut pas réparé au cours des siècles, dans la connivence du pouvoir catholique, du courant de la contre-initiation (décrit par René GUENON), de la modernité, et de la standardisation de la culture politiquement correcte.
De même que les origines juives du christianisme continuent de faire débat au Vatican (*), ainsi nos chers Chevaliers du Temple continuent de déranger outre-tombe les bien-pensants de tous bords.
Heureusement, il nous reste le Dictionnaire Templier précité pour faire valoir le droit intangible de l’esprit, en particulier ici, rendant hommage à ceux qui participèrent au rayonnement spirituel de la France.
La pensée catholique devient coquille vide si elle ne se relie à ses sources authentiques judéo-chrétiennes.
Idem pour le Jardin de la Connaissance si l’on reste à la surface du sens littéral, de l’apparence.
Mais revenons, à notre Saint Graal ; tout est là : la Pierre tombée du Ciel et la Coupe pour l’Eucharistie de Saint-Loup, dont la statue au centre, gère l’influx et le flux d’énergie de toute sa Tradition.
Mais, diantre, pourquoi ici dans la Brie ? On ne nous dit pas tout…Reformulons l’équation.
Le territoire de Saint-Loup-de-Naud porte la somme des contradictions Terre-Ciel symbolisée par sa vallée du Dragon. Et l’histoire de la Pierre du Graal, au nom secret, tombée du front de Lucifer pour recueillir le sang de Jésus-Christ confirme la juxtaposition de ces plans.
Saint-Loup et son église sont là pour équilibrer les forces du lieu dans l’intention du mystère chrétien de la Passion-Résurrection. La Pierre du Graal est ici Pierre utile de Transmutation, au bénéfice de la communauté. Ne cherchez pas d’autre trésor ou secret templier que celui-là.
Cette construction spirituelle et psychologique recoupe parfois la réalité humaine, comme en témoignerait la vie excentrique et scandaleuse de l’anglaise Violet TREFUSIS, ancienne habitante de la « Tour Renaissance » du village. Le hasard fait bien les choses ; le dragon personnel a besoin de son repaire…
Le profane et le sacré s’amusent à y jouer à cache-cache.
La vie de Saint-Loup, la Communion des Saints témoignent de la trilogie prophétie-royauté-sainteté.
Mais cependant, chaque chrétien est appelé à se retourner vers ses profondeurs, et à les convertir progressivement en lumière. La grâce multiple de la vie l’accompagnera dans son chemin de rédemption. Pourtant, il y a « beaucoup d’appelés mais peu d’élus » dans cette Quête-là du Graal.
En conclusion, NAUD, c’est aussi N - D : Noun - Dalet נ ד, la porte de la tradition. Tout est dit. Et le nombre de Saint-Loup-de-Naud est 5 / 14, porteur de l'énergie lui permettant de feuilleter les pages de son passé étonnant.
Pour goûter la vibration subtile de ce lieu, les quelques concerts des Après-Midi de Saint-Loup vous raviront par leur répertoire choisi dans le sacré.
Saint-Loup de Naud … Suite de mots qui glissent comme les sources qu'ils évoquent, comme la douceur et la bienveillance du Saint protecteur qui nous émeut…
Saint-Loup de Naud… perché au-dessus d’un vallon s’ouvrant sur la Voulzie, regroupant autour de son église ses maisons serrées, confiantes en sa force.
Saint-Loup de Naud… livré au touriste, dans la simplicité de sa ruralité encore vivante.
Saint-Loup de Naud … hâvre de paix et de silence, où nul n’agite la flèche du commerce ou les ailes du Veau d’Or.
Saint-Loup de Naud… esprit des monastères, âme des saints, vertu des humains…
Livre-nous la magie de ton passé, pour que baignés de cette lumière douce du soleil couchant, sur les longues figures des protecteurs, nous soyons toujours empreints de ta paix.
© Eric LE NOUVEL
Laissez-vous aller à traverser la vallée du Dragon le long des champs jusqu'aux arches de Longueville (77650), à 4 km de Saint-Loup-de-Naud ; ou alors par la route.
Puis à moins de 2 km du centre de Longueville, la Chapelle de Lourps (13° s) sur sa colline, "où souffle l'esprit", et son château.
Sources : www.saintloupdenaud.com
(*) cf. L’Apocalypse de Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR (Arte).
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